"Long Live Père Ubu!"

Long Live Pere Ubu

Cooking Vinyl / COOKCD497 (UK), 14/09/2009

  1. Ubu Overture
  2. Song Of The Grocery Police
  3. Banquet Of The Butchers
  4. March Of Greed
  5. Less Said The Better
  6. Big Sombrero (Love Theme)
  7. Bring Me The Head Of Ubu Roi
  8. Road To Reason
  9. Slowly I Turn
  10. Watching The Pigeons
  11. The Story So Far
  12. Snowy Livonia
  13. Elsinore & Beyond

Bonus (en téléchargement uniquement)

  1. Big Sombrero (Original)*
  2. Pataphysical Mirror*¤
  3. Tear Your Eyes Out*¤
  4. Phynancial Atmosphere¤
Textes

David Thomas : voix (Père Ubu), synthétiseur, orgue et basse
Sarah Jane Morris : voix (Mère Ubu)
Keith Moliné : guitare, voix
Robert Wheeler : synthétiseurs EML, theremin, voix
Gagarin : electronica
Michele Temple : basse, voix, autres instruments
Steve Mehlman : batterie, percussion, voix

Titres :
1. Moliné
2, 3, 4, 6 & 7. Thomas, arrangements de Mehlman - Moliné - Temple - Thomas - Wheeler
8, 9, 10 & 11. Mehlman - Moliné - Temple - Thomas - Wheeler
5. Gagarin - Mehlman
12. Melhman - Temple
13. Gagarin - Moliné - Thomas

Production : David Thomas
Ingénieur du son : Paul Hamann
Studios : Suma (Paisneville/Ohio) & Harvest Moon (Milan/Ohio)

Graphisme : John Thompson
Photo de pochette : Angell
Photos live : Mark Mawston

Enregistrement

Enregistré et mixé au Suma Studio par Paul Hamann entre janvier et septembre 2008.
Certaines parties ont été enregistrées ici et là par David Thomas, Dids (Gagarin) et Michele Temple.
La musique de The Story So Far a été enregistrée au studio Harvest Moon (Milan/Ohio).

Editions

Label Référence Pays Date Commentaires
Cooking Vinyl COOKCD497 UK/ROW 14/09/2009 cd
Hearpen HR 149 US 14/09/2009 cd
Hearpen HR 149 US 14/09/2009 dl *

¤ étaient disponibles sur Amazon lors de la sortie du disque.

Chroniques

Magic 135 Voici la bande-son d'un spectacle mêlant théâtre et musique, adapté de l'Ubu Roi (1896) d'Alfred Jarry par les pionniers de l'avant-rock américain ... Quand on connait le penchant du groupe et de son fantasque leader David Thomas pour la logorrhée zarbi sur fond d'expérimentations sonores, ça peut sembler un brin dissuasif. Ce serait expédier un peu vite le travail d'un groupe qui, au fil de trente-cinq ans de carrière et d'incessants changements de personnel, n'a cessé de se renouveler, accouchant à l'occasion de disques rock démantibulés mais bougrement excitants, tels que Ray Gun Suitcase (1995) ou le récent Why I Hate Women. Dans un contexte où le rock indépendant redécouvre les vertus du hors-pistes et de la déconstruction (Animal Collective, Dirty Projectors, The Fiery Furnaces, pour ne citer que les plus illustres), il faut reconnaître que les vétérans de Cleveland tiennent encore sacrément bien la route.
Pour son seizième album studio, la bande à Thomas rend donc hommage à l'oeuvre mythique du père de la pataphysique, avec un goût du burlesque prévisible, mais également - et c'est là qu'on se permettra d'insister - un sens de la concision et de la musicalité inespéré. On saluera à cet égard les talents du guitariste Keith Molinié, mais aussi la remarquable participation vocale de Sarah Jane Morris, formidable Mère Ubu qu'on avait déjà croisée, il y a belle lurette, aux côtés des Communards dans le rôle de la chanteuse soul sur le tube Don't Leave Me This Way. Sans aller jusqu'à prétendre que ce disque, ponctués de borborygmes et de couinements porcins, de sons concrets et de rythmiques biscornues, possède un franc potentiel de séduction immédiate, on conseillera tout de même vivement aux curieux d'aller s'y frotter tant la "merdre" ici proposée est de celles auxquels on prend vite goût.
Alex Melis, Magic, n° 135, septembre 2009

XRoads 22 Avec ce pénultième album (le quatorzième, je crois, sans compter les live) du groupe dont il est seul membre original, l'imposant David Thomas peut signer ici son oeuvre ultime puisqu'en compagnie de Sarah Jane Morris, il met enfin en musique l'histoire de Ubu Roi, la célèbre pièce d'Alfred Jarry mise en scène en 1896 et qui provoqua une émeute au Théâtre de l'Oeuvre où elle fût jouée à Paris.
Inspirée de la tragédie grecque oedipe roi de Sophocle, Ubu met en scène un personnage ivre de pouvoir et présente une charge contre la folie et l'immunité supposée du pouvoir et des politiques. Berlusconi serait un parfait modèle actuel pour incarner Ubu par exemple. Thomas s'emploie donc à apporter un univers et un cadre musical à l'histoire en restant dans son univers auto décrit comme de l'"avant-garage", autrement dit une sorte de rock underground dissonant qui depuis The Modern Dance en 1978 marche sur les traces de Zappa, Captain Beefheart et le krautrock germain. Long Live Père Ubu ne manque pas de dissonances, bruits gutturaux de bêtes souvent humaines, d'oesophages bruyants, de low-fi expérimentale concoctée dans un recoin de Painsville, Ohio. C'est une écoute parfois assez pénible, peu flatteuse à l'oreille, mais on se prend plus d'une fois à s'amouracher de ces chansons disgracieuses et perverses ("March Of Greed", "Slowly I Turn") qui tournent parfois au rock de gouttière le plus cradingue avec guitares hypnotiques ("Watchnig The Pigeons") et nous rappelle que Thomas officia avant Père Ubu dans Rocket From The Tombs.
Nous appelerons cela une curiosité.
Hervé Deplasse, XRoads, n° 22, septembre 2009

Rock & Folk 506 Après avoir été successivement babylonien, égyptien, perse, grec, juif, romain, arabe et allemand, Dieu aura donc été yankee entre 1945 et 2001. Il est encore trop tôt pour deviner sa future langue mais, pendant le temps de sa vacance, tel le Chat de Chester, il nous a laissé son sourire. Ce sourire, c'est Pere Ubu. Ubu is an american !
C'est un géant de Cleveland, sensible et effrayant, accentuant l'immaturité violente du surf dans des comptines destructurées pour le hausser à un niveau mythique quasi grec, s'éparpillant dans des combats rythmés par des effets sonores de science-fiction. Le mixte de geste potache et de poésie symboliste opéré par Jarry va comme un gant au plus expressionniste des rockers avant-garagistes, celui qui estime avoir inventé le rock moderne en 1975 sans que personne ne s'en soit rendu compte.
Après le Poe de Lou Reed ("The Raven") et le Hoffman des Residents ("The Voice Of Midnight"), David Thomas n'a pas du tout raté sa Résurrection d'Alfred Jarry (quel rocker nous gratifiera d'un Schreber ?). Cette adaptation d' "Ubu Roi" réécrite sur dix-huit mois et jouée au Queen Elizabeth Hall en avril 2008, est également un miroir tendu depuis l'Angleterre à la grande poétique américaine des quarante dernières années. C'est cette tradition invisible, qui va de Laurel et Hardy à Crispin Glover, et dont Pere Ubu porte le xvamah des individus qualifiés : une pataphysique synthétique, une mélancolie de foire aux monstres, un humour grave, enfin un lyrisme innocent et cruel dans lequel on doit reconnaître notre enfance assassinée et toujours à réinventer. L'enfance est une arme.
Pacome Thiellement, Rock & Folk, n° 506, octobre 2009

Noise 13 Le roi est vivant, à mort le roi ! Merdre. Merdre de merdre de merdre de merdre. Quel pissemerdre a eu l'exécrable idée de rappeler à Pere Ubu que ce nom d'emprunt provenait de la pièce d'Alfred Jarry ? Jarry qui durant sa courte vie n'a quasiment eu le temps d'écrire qu'à propos d'Ubu. Quel larbin continue de faire croire à Dave Thomas et sa fiole de Rémy Martin qu'ils auraient pu faire à eux deux un grand acteur de théâtre ? Le Père Ubu rêvé. Par la grande gidouille ! « Merdre, merdre », c'était justement jusqu à présent l’unique clin d’oeil de Pere Ubu au pataphysicien en chef, sur The Modern Dance (la chanson de l’album du même nom), en 1978. Et ne voilà-t'il pas que, dans un moment d'égarement, le gargantuesque Crocus Behemoth est passé à l'acte, plus de trente ans après ((trop tard ?). il a eu comme ridicule ambition d'adapter Ubu Roi en ... chansons (?). De faire de Pere Ubu le Père Ubu. Il n'aurait pas pu faire ça en solo, comme il l'avait fait pour Mirror Man, qu'on l'ignore sans avoir l'impression de passer à côté d'un bon truc ?
Long Live Père Ubu! est un disastrodrome. Pas exactement un opéra-rock dada, plus exactement la bande-son d'une anti-opérette (bouffe) de pacotille. Horreur. Infamie. Scandale. Indignité. Qui est donc cet "oubou" dont ils parlent tout le long ? On ommence par quel bout d'oubou, pissedoux, mon ami ? Sarah Jane Morris dans le rôle de Mère Ubu ? L'invitée de marque nous fait comprendre tout d'un coup Why I Hate Women. Au départ, David Thomas avait l'intention de faire toutes les voix lui-même, de s'habiller de tous les personnages. il aurait dû. Sarah Jane Morris fait plonger Long Live Père Ubu! dans - ce que l'on pouvait redouter - la pire des cuistreries théâtrales. Pompeuses. Pompe pompe pompe. La grosse merdre. Les voix de Thomas la baudruche ? Celles du capitaine Bordure, du Roi Venceslas, de Bougrelas, il les fait toutes ou presque (en anglais, fort heureusement, on est loin d'atteindre ce niveau d'absurdisme, sinon en français, c'eût été ... drôle ?) et là, à la limite, se trouve le seul véritable coup de maître. Les variations et les changements de costume lui font sortir des bruits de bouche auxquels il ne nous avait pas encore habitués. Attention, t'as un Tom Waits dans la gorge, un Don Van Vliet entre les dents. Ça et les gros rots déployés constituent à peu près le seul intérêt de la débandade. Cornegidouille.
La musique ? Comme c'est régulièrement le cas pour de tels projets « à textes », elle est sur le reculoir, abstraite par défaut, dans l’ombre, derrière le rideau mieux servir... le texte. Trois perturbations de synthé EML de Robert Wheeler mis à part (qui sonnent précisément comme The Tenement Year, c'est dire si je devrais être à même d'aimer), on s'emmerdre ferme Comme sur une morne plaine polonaise après le passage de I'Armée russe. Sombreros hauts. Cornes au cul. Pere Ubu vient de sortir son disque de très loin le moins ubuesque, un comble quand on a pour ambition de s'attaquer à Jarry. Une pièce de merdre, une campagne désastreuse. Que l’on m'emmène la tête de David Thomas.
PS : En toute logique, quand, dans cinq ans, je ressortirai cet album de sa caverne de Lituanie, je retrouverai la voie de la raison. D’ailleurs, il me faut immédiatement arrêter de m'en persuader, car il y a des titres, comme « Road To Raison » et « Watching The Pigeons », que je commence enfin à trouver géniaux. Pour le reste, il me suffira de travailler un peu plus sur ma surdité et ça devrait passer.
Merdre/10
Bil, Noise, n° 13, octobre/Novembre 2009

Rolling Stone 14 Trente-cinq ans après 30 Seconds Over Tokyo, David Thomas rend enfin hommage à Alfred Jarry et à son patronyme le plus furieux, par l'adaptation scènique et musical de Père Ubu.
Un peu sage, un peu didactique, avec eau et gaz à tous les étages, "Merdre !" éloquents à la coda et longs récitatifs pour le compte, il faut bien narrer cette histoire de tyran d'eau douce, avec Thomas en Ubu et Sarah Jane Morris en mère Ubu, très très concernée et vociférante. Mais l'adaptation de Hamlet par Jarry était tellement déjà "hénaurme" qu'il n'y avait pas grand chose à ajouter pour délirer à fond.
Par ma chandelle verte, passez-moi tous ces crétins à la trappe !
Jean-Pierre Simard, Rolling Stone, n° 14, octobre 2009

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